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Qu’est-ce qui vous a séduite dans le projet ?L’envie a tout de suite été là quand j’ai lu le scénario. Une évidence. Cette promiscuité forcée entre deux personnes qui se détestent et leur périple à travers l’Europe me plaisaient énormément. J’ai trouvé que c’était une très bonne idée, assez simple pour laisser de la place à l’imprévu, avec d’excellents dialogues. On percevait quelque chose de fort, des situations justes qui permettaient d’apporter de la comédie. J’étais partante à 200 %.Et l’idée de jouer tout cela avec Dany Boon ?C’était l’un des attraits du projet pour moi. On se connaît. On avait déjà joué ensemble il y a vingt ans. J’adore Dany. Il est une des belles rencontres de ce métier. Il est du Nord, comme moi, et on partage le même genre d’humour. Pour être honnête, je ne savais pas trop comment ça allait se passer. J’étais curieuse de voir si son immense succès l’avait changé. Je me demandais comment il travaillait aujourd’hui. Nous devions être dans la vérité des situations et de l’histoire. Du coup, je n’étais pas timide, mais presque. Et puis je l’ai retrouvé ! C’était comme si on avait joué la veille.Il est resté fidèle à lui-même, avec le même esprit et la même générosité. Ce qui me fascine chez lui, c’est qu’il est extrêmement doué pour beaucoup de choses, et vraiment disponible pour tout le monde, pour son public, ces gens qui l’adorent. Il est d’abord très humain. Il peut passer deux ou trois heures avec les gens après le tournage, alors que tout le monde est épuisé. Il est incroyable.Comment décririez-vous votre personnage ?Valérie porte le même prénom que moi, mais c’est un hasard. C’est une femme plutoÌ‚t ambiguéˆ. Elle n’est pas foncièrement mauvaise, elle est aussi sur la défensive. Elle et son ex ont eu une histoire compliquée, dont il ne reste qu’une enfant. C’est d’ailleurs leur fille qui provoque cette situation. Valérie se sent coupable par rapport à sa fille, parce qu’elle n’a pas été aussi présente qu’elle l’aurait voulu. Du coup, elle met un point d’honneur à se rendre à son mariage, si possible en reprenant le dessus sur le père qui, lui, s’est occupé d’elle. Elle fait un complexe maternel. Physiquement, j’ai essayé de lui donner une tension, aussi bien dans son attitude que dans sa façon de parler. Je suis plus douce qu’elle et je ne m’énerve que rarement. Elle est épidermique face à lui et cela devait se sentir.C’est aussi un personnage fort, qui n’a pas peur. Elle y va. Il fallait qu’entre eux deux, il y ait un vrai duel. Les deux ont des failles, les deux sont capables du pire comme du meilleur.Quel regard portez-vous sur leur relation et comment l’avez-vous jouée avec Dany ?Pour se haïr autant, les personnages ont duÌ‚ s’aimer très fort. La haine partagée est un lien, comme l’amour. En psychologie, on dit que la haine est un amour inversé. Je vois ça comme ça. Ici, dans cette histoire de tensions très fortes, les scènes ne sont que des provocations. Et dans ces scènes de tension, de manipulation, d’affrontement, Dany était toujours très présent. On se balance des horreurs, on s’inflige les pires bassesses. Ils en viennent quand même aux mains ! Il fallait donner une intimité forte à toutes ces choses. On était ensemble pour le jouer. Je trouve que Dany a encore gagné en maîtrise, en vitesse. Il a un remarquable sens de la rupture. On réagissait l’un à l’autre, on rebondissait. Dany est un formidable partenaire pour cela. C’est aussi de cette manière que j’aime travailler, pour le film, pour l’autre. On ne se dit pas que c’est le partenaire qui va être meilleur et nous emmener ; chacun donne tout ce qu’il peut. Il fallait vraiment aller à fond dans le jeu, beaucoup de scènes vont loin. Il y avait en plus une grande variété de situations, de la cascade à la confrontation intime, en passant par des scènes émouvantes. Alexandre, le réalisateur, nous laissait une grande liberté, sans pour autant perdre le film de vue. Entre Dany et moi, il y avait un vrai plaisir à se décontenancer, à se parler vraiment, à chercher une vérité et à voir la surprise dans l’œil de l’autre. Comme par exemple lorsque je consulte mon portable pendant qu’il me fait la morale. Ce sont des choses de ce genre que l’on peut inventer. Quand on arrive dans un décor, dans une situation, on se dit qu’on va faire ça et c’est génial. Alexandre nous guidait, nous laissait proposer, et savait nous garder dans la ligne du film. C’est très agréable pour un acteur d’avoir quelqu’un qui sait très précisément ce qu’il veut, qui dirige. Alexandre connaissait très bien le film puisqu’il a écrit le scénario. Il avait tout en tête précisément, et c’est génial.Comment s’est passé le tournage ?On n’a pas arrêté de changer de ville, en Allemagne, en Autriche et en Croatie. Il y a aussi eu la Belgique. C’était super ! On était dans un décor, et le lendemain on était ailleurs. C’est bien, car l’aventure est le propre de notre métier. On fait un film, puis on ne sait pas ce que l’on va faire ensuite, une pièce de théâtre ou autre. De se retrouver dans ces endroits, ces décors, c’est très nourrissant, très enrichissant.Je n’étais jamais allée en Allemagne. Je ne connaissais pas non plus la Croatie.C’est sublime. C’est un souvenir magique. Quelle chance de travailler ainsi ! Je crois que l’on ne voyage jamais mieux que lorsqu’on travaille, surtout avec une équipe aussi agréable.En voyant le film terminé, avez-vous découvert quelque chose que vous n’aviez pas anticipé au tournage ?J’ai été surprise. D’habitude, j’ai beaucoup de mal à me regarder, mais là, je me suis fait embarquer par le film et j’ai profité du moment. Je trouve qu’Alexandre a fait un très beau travail. L’ensemble fonctionne très bien. Le rythme est excellent et les images sont superbes.Quel souvenir garderez-vous de cette aventure ?C’était vraiment intense. Contrairement à ce que l’on pense, dans les comédies, on n’est pas là pour se détendre et se marrer ! On avait des horaires de fous, on était de tous les plans. Alexandre ne lâchait rien, et nous non plus. On allait au bout du bout à chaque fois. Ce film est vraiment important pour moi. C’est une grande chance. Je n’avais jamais eu un roÌ‚le comme ça. On avait une vraie belle équipe, entre les producteurs, le réalisateur, les acteurs... Quand je suis arrivée, les producteurs et Alexandre m’ont accueillie à bras ouverts, en me faisant confiance. C’est très motivant.J’aime beaucoup le film. Je pense que les gens vont passer un bon moment !Je crois aussi que cette comédie peut faire du bien. Voir ce couple faire preuve d’autant de mesquinerie dans une telle intimité peut être dédramatisant. Alain et Valérie nous montrent joyeusement jusqu’ouÌ€ il ne faut pas aller !
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Comment avez-vous rejoint le projet ?Laurent Zeitoun, que je connais depuis longtemps, est l’un des trois coauteurs, et producteur chez Quad. Quand il m’a parlé du projet, je n’étais pas disponible, mais parce que je suis curieux, j’ai quand même lu le scénario ! J’ai trouvé l’histoire très réussie, drôle, moderne. J’aimais l’idée et les personnages, très représentatifs de certains couples d’aujourd’hui : ils sont restés ensemble très peu de temps, et passent leur vie à être divorcés. Ici, en l’occurrence, pour le bien de la comédie, ils se détestent, et vont être obligés de traverser l’Europe ensemble pour se rendre au mariage de leur fille unique.J’adore le titre du film. Il est imprononçable ! Jamais les Américains n’accepteraient un titre de film pareil ! On peut le faire en France, et je trouve cela formidable. Utiliser le prétexte de l’éruption du volcan pour poser les avions, remplir tous les trains et les obliger à se débrouiller autrement est vraiment malin... J’aime cette idée de road movie avec cette notion d’urgence et de compte à rebours pour arriver à temps au mariage de leur fille.Comment décririez-vous Alain, votre personnage ?Il dirige une auto-école, mais il n’a qu’une seule voiture ! Ce n’est pas un modèle de réussite sociale, mais ça n’a aucune importance pour lui. Son ex-femme s’en sort beaucoup mieux avec ses cliniques vétérinaires florissantes. Elle est riche, ce qui ne l’empêche pas de continuer à lui faire payer la pension. En fait, ils font tout ce qu’ils peuvent pour se brimer, se dénigrer et s’humilier l’un l’autre.Quel regard portez-vous sur leur relation ?Une chose qui m’a vraiment séduit dans le scénario, c’est que chaque fois que l’on se dit que ça y est, qu’ils se parlent enfin posément, intelligemment, comme il est préférable de le faire, il s’agit souvent en fait d’une nouvelle manipulation de l’un pour mieux enfoncer l’autre. à chaque fois, on a envie de croire qu’ils se tendent la main, mais ils aggravent tout. Pour ceux qui regardent, c’est du bonheur ! Ils n’ont aucune pitié, aucune limite.En fait, ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il parle du couple et de la relation homme/femme telle qu’elle est aujourd’hui. On peut aller très loin, ce que l’on ne ferait pas dans une relation d’amitié ou de travail. Ils rêvent même de se tuer !Que pensiez-vous de l’idée de jouer ce couple avec Valérie Bonneton ?Le fait de travailler avec Valérie Bonneton était pour moi l’un des atouts du projet. On se connaît bien et je l’apprécie énormément. Elle est du Nord et elle a énormément d’humour. Quand j’ai joué ma première pièce de théâtre à Paris, « La La Love You », c’était avec elle... Elle était au Conservatoire et je sortais du cours Simon. On avait fait ensemble « Les Zacros de la télé », une minisérie dans laquelle elle jouait souvent ma femme. C’était il y a longtemps, depuis on s’est ratés sur plusieurs projets. Je lui ai proposé des rôles mais elle était occupée au théâtre. Et cette belle occasion est arrivée.Votre relation vous a-t-elle aidé dans votre jeu ?Cela peut paraitre paradoxal, mais le fait de bien s’aimer nous a permis de nous balancer tout de suite les pires horreurs ! Jouer avec elle ces gens qui ne peuvent pas se voir était un bonheur. C’était un festival, que ce soit sur le plan verbal, à travers les situations, et même jusqu’au physique puisque les personnages en viennent aux mains ! C’était assez jubilatoire d’être méchant avec mon ex. Surtout lorsqu’on est dans les codes de comédie. ça va très loin !Entre nous, avec Alexandre et avec l’équipe, il y avait une vraie écoute et beaucoup d’échanges. J’adore partager ça.Vos personnages s’infligent parfois des choses cruelles...C’est vrai qu’ils y vont fort et que parfois, cela peut être grinçant, mais je crois qu’au-delà de la cruauté, cela peut parler aux gens car les sales coups qu’ils échangent sont d’abord la manifestation de leur peine et de leur détresse. Ce sont des moments de faiblesse où ils se laissent aller. Cela nous arrive à tous, à des degrés divers. On ne se rend pas toujours compte que l’on va trop loin.Le tournage « itinérant » a lui-même été une véritable aventure. Comment l’avez-vous vécu ?J’aime bien voyager, me balader. « Ne me dis pas où on va, dis-moi avec qui... ». On était tout le temps en vadrouille et on a tourné dans des endroits aussi paumés que magnifiques.Il y avait aussi pas mal d’action dans la comédie. J’aime ça. C’est sur que quand on lit que l’avion traverse les arbres et s’écrase dans la forêt, on est content de le faire ! Je me suis retrouvé dans une vraie carcasse d’avion démolie, traiînée par des câbles, à grande vitesse... On a passé des jours à se faire traiîner, secouer, taper dans tous les sens ! Ce qui est fou, c’est que quand on fait ce genre de cascade, on se rend compte que ce n’est drôle que lorsqu’on se fait vraiment mal. Moi qui suis assez prudent, j’ai appris qu’il y a des choses pour lesquelles il faut donner de sa personne ! Si on prend des baffes ou des coups, il faut vraiment se les prendre pour que ce soit réaliste et que ça fasse rire les gens. Sur ce film, il y avait de quoi faire, on s’est quand même pas mal bagarrés. C’était surréaliste et très drôle !Comment avez-vous travaillé avec Alexandre Coffre, le réalisateur ?On a fait beaucoup de lectures. J’adore faire des lectures parce que c’est là que l’on commence à sentir l’histoire, à découvrir les personnages et à se laisser porter par le scénario. C’est une étape essentielle. On apprend aussi à connaiître ceux avec qui on va faire équipe.Même si je propose des choses, je reste à ma place de comédien et je me laisse guider par le réalisateur. En l’occurrence, Alexandre avait aussi coécrit, et je n’ai pas la prétention d’avoir travaillé mon personnage aussi longtemps que ceux qui sont dessus depuis des mois, voire des années. En général, je découvre le personnage et l’histoire entre trois et six mois avant de tourner. Si l’histoire me plait, je la regarde comme un lecteur avisé. Et ensuite on discute. J’ai aimé la manière dont Alexandre m’a parlé du film et ce qu’il voulait en faire. Je n’ai pas été déçu. Le film ressemble à ce que nous espérions tous, et il est en plus très beau esthétiquement.Quel souvenir garderez-vous du film ?Ce métier offre de belles aventures humaines, et ce film en est une. J’ai beaucoup aimé le duo que je forme avec Valérie. C’était un bonheur de tourner enfin un film où l’on est tous les deux à parts égales dans l’histoire, avec un vrai rôle de comédie pour une femme.
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