• Rencontre avec Dany Boon

    Comment avez-vous rejoint le projet ?
     
    Laurent Zeitoun, que je connais depuis longtemps, est l’un des trois coauteurs, et producteur chez Quad. Quand il m’a parlé du projet, je n’étais pas disponible, mais parce que je suis curieux, j’ai quand même lu le scénario ! J’ai trouvé l’histoire très réussie, drôle, moderne. J’aimais l’idée et les personnages, très représentatifs de certains couples d’aujourd’hui : ils sont restés ensemble très peu de temps, et passent leur vie à être divorcés. Ici, en l’occurrence, pour le bien de la comédie, ils se détestent, et vont être obligés de traverser l’Europe ensemble pour se rendre au mariage de leur fille unique.
     
    J’adore le titre du film. Il est imprononçable ! Jamais les Américains n’accepteraient un titre de film pareil ! On peut le faire en France, et je trouve cela formidable. Utiliser le prétexte de l’éruption du volcan pour poser les avions, remplir tous les trains et les obliger à se débrouiller autrement est vraiment malin... J’aime cette idée de road movie avec cette notion d’urgence et de compte à rebours pour arriver à temps au mariage de leur fille.
     
    Comment décririez-vous Alain, votre personnage ?
     
    Il dirige une auto-école, mais il n’a qu’une seule voiture ! Ce n’est pas un modèle de réussite sociale, mais ça n’a aucune importance pour lui. Son ex-femme s’en sort beaucoup mieux avec ses cliniques vétérinaires florissantes. Elle est riche, ce qui ne l’empêche pas de continuer à lui faire payer la pension. En fait, ils font tout ce qu’ils peuvent pour se brimer, se dénigrer et s’humilier l’un l’autre.
     
    Quel regard portez-vous sur leur relation ?
     
    Une chose qui m’a vraiment séduit dans le scénario, c’est que chaque fois que l’on se dit que ça y est, qu’ils se parlent enfin posément, intelligemment, comme il est préférable de le faire, il s’agit souvent en fait d’une nouvelle manipulation de l’un pour mieux enfoncer l’autre. à chaque fois, on a envie de croire qu’ils se tendent la main, mais ils aggravent tout. Pour ceux qui regardent, c’est du bonheur ! Ils n’ont aucune pitié, aucune limite.
    En fait, ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il parle du couple et de la relation homme/femme telle qu’elle est aujourd’hui. On peut aller très loin, ce que l’on ne ferait pas dans une relation d’amitié ou de travail. Ils rêvent même de se tuer !
     
    Que pensiez-vous de l’idée de jouer ce couple avec Valérie Bonneton ?
     
    Le fait de travailler avec Valérie Bonneton était pour moi l’un des atouts du projet. On se connaît bien et je l’apprécie énormément. Elle est du Nord et elle a énormément d’humour. Quand j’ai joué ma première pièce de théâtre à Paris, « La La Love You », c’était avec elle... Elle était au Conservatoire et je sortais du cours Simon. On avait fait ensemble « Les Zacros de la télé », une minisérie dans laquelle elle jouait souvent ma femme. C’était il y a longtemps, depuis on s’est ratés sur plusieurs projets. Je lui ai proposé des rôles mais elle était occupée au théâtre. Et cette belle occasion est arrivée.
     
    Votre relation vous a-t-elle aidé dans votre jeu ?
     
    Cela peut paraitre paradoxal, mais le fait de bien s’aimer nous a permis de nous balancer tout de suite les pires horreurs ! Jouer avec elle ces gens qui ne peuvent pas se voir était un bonheur. C’était un festival, que ce soit sur le plan verbal, à travers les situations, et même jusqu’au physique puisque les personnages en viennent aux mains ! C’était assez jubilatoire d’être méchant avec mon ex. Surtout lorsqu’on est dans les codes de comédie. ça va très loin !
    Entre nous, avec Alexandre et avec l’équipe, il y avait une vraie écoute et beaucoup d’échanges. J’adore partager ça.
     
    Vos personnages s’infligent parfois des choses cruelles...
     
    C’est vrai qu’ils y vont fort et que parfois, cela peut être grinçant, mais je crois qu’au-delà de la cruauté, cela peut parler aux gens car les sales coups qu’ils échangent sont d’abord la manifestation de leur peine et de leur détresse. Ce sont des moments de faiblesse où ils se laissent aller. Cela nous arrive à tous, à des degrés divers. On ne se rend pas toujours compte que l’on va trop loin.
     
    Le tournage « itinérant » a lui-même été une véritable aventure. Comment l’avez-vous vécu ?
     
    J’aime bien voyager, me balader. « Ne me dis pas où on va, dis-moi avec qui... ». On était tout le temps en vadrouille et on a tourné dans des endroits aussi paumés que magnifiques.
     
    Il y avait aussi pas mal d’action dans la comédie. J’aime ça. C’est sur que quand on lit que l’avion traverse les arbres et s’écrase dans la forêt, on est content de le faire ! Je me suis retrouvé dans une vraie carcasse d’avion démolie, traiînée par des câbles, à grande vitesse... On a passé des jours à se faire traiîner, secouer, taper dans tous les sens ! Ce qui est fou, c’est que quand on fait ce genre de cascade, on se rend compte que ce n’est drôle que lorsqu’on se fait vraiment mal. Moi qui suis assez prudent, j’ai appris qu’il y a des choses pour lesquelles il faut donner de sa personne ! Si on prend des baffes ou des coups, il faut vraiment se les prendre pour que ce soit réaliste et que ça fasse rire les gens. Sur ce film, il y avait de quoi faire, on s’est quand même pas mal bagarrés. C’était surréaliste et très drôle !
     
    Comment avez-vous travaillé avec Alexandre Coffre, le réalisateur ?
     
    On a fait beaucoup de lectures. J’adore faire des lectures parce que c’est là que l’on commence à sentir l’histoire, à découvrir les personnages et à se laisser porter par le scénario. C’est une étape essentielle. On apprend aussi à connaiître ceux avec qui on va faire équipe.
     
    Même si je propose des choses, je reste à ma place de comédien et je me laisse guider par le réalisateur. En l’occurrence, Alexandre avait aussi coécrit, et je n’ai pas la prétention d’avoir travaillé mon personnage aussi longtemps que ceux qui sont dessus depuis des mois, voire des années. En général, je découvre le personnage et l’histoire entre trois et six mois avant de tourner. Si l’histoire me plait, je la regarde comme un lecteur avisé. Et ensuite on discute. J’ai aimé la manière dont Alexandre m’a parlé du film et ce qu’il voulait en faire. Je n’ai pas été déçu. Le film ressemble à ce que nous espérions tous, et il est en plus très beau esthétiquement.
     
    Quel souvenir garderez-vous du film ?
     
    Ce métier offre de belles aventures humaines, et ce film en est une. J’ai beaucoup aimé le duo que je forme avec Valérie. C’était un bonheur de tourner enfin un film où l’on est tous les deux à parts égales dans l’histoire, avec un vrai rôle de comédie pour une femme.

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :